(Photo ci-dessus : Eric Van Ees Beeck)

Au Moyen Age

Les tabletiers ne fabriquaient que des tablettes pour écrire.

Cette unique fabrication ne suffisait pas pour survivre, cette corporation s'associe avec les pigniers, fabricants de peignes et les déciers, fabricants de dés et d'échiquiers.

D'alliance en alliance, jusqu'à la révolution, les tabletiers étendent et définissent leurs statuts. Ils peuvent ainsi travailler la baleine, l'écaille, l'ivoire, l'os, la corne, les bois (ébène, palissandre), la nacre...

Ils obtiennent aussi le droit de fabriquer 4 catégories d'objets : des objets usuels (peignes, éventails), des objets religieux (croix, christ), des boîtes (tabatières...) et des jeux : dominos, damiers, fiches... Dans l'Oise, on estime que le travail de la tabletterie a débuté dans la seconde moitié du XVIIème.

L'amorce d 'un véritable développement s 'effectue au XVIIIème siècle. Mais cette activité de luxe subit les effets des récessions économiques et des guerres. Pourtant à la veille de la révolution, 1200 ouvriers sont employés dans la région de Méru, ils seront près de 4000 au début du XIXème siècle.

De 1830 à 1890 : une période d'intense activité

C'est l'époque faste de la tabletterie de luxe. La ville de Méru se spécialise au début du XIXème siècle dans la petite tabletterie dite dominoterie (dés, dominos, touches pour piano...).

Par ailleurs, la production du bouton connaît un certain développement et tend à la fin du siècle à supplanter les fabriques de tabletterie.

Les années 1880 à 1920 : l'essor d'une nouvelle activité, la boutonnerie de nacre

La tabletterie connaît une récession: évolution de la commercialisation, mécanisation... Par contre, la boutonnerie connaît un véritable essor qui s'accompagne d'une phase d'industrialisation.

La ville de Méru et le village d'Andeville restent les principaux fiefs de ce développement. A Méru, en 1905, on recense 54 boutonneries.

Par ailleurs, le nombre d'ouvriers tabletiers et boutonniers passe de 7400 en 1885 à 10000 en 1909.

Des années 20 à nos jours : déclin

L'essor de l'industrie est interrompue par la guerre de 1914. La crise s'aggrave dans les années 30 avec la dévaluation du franc, les nouvelles charges sociales et la concurrence.

Après la guerre de 1939, et à la fin des années 50, c'est l'avènement du polyester. Très rapidement, il y a surproduction de boutons en plastique et les prix de vente s'effondrent : 15 établissements ferment et licencient 1 500 ouvriers. En 1960, la ville de Méru ne comptabilise plus que 320 emplois...

Dans les années 80, le découpage de la nacre est délocalisé en Asie. Les boutons sont importés finis.

Aujourd'hui, le savoir-faire des travailleurs de la nacre de Méru est sauvegardé au sein de son Musée de la Nacre et de la Tabletterie. Habitants et touristes peuvent découvrir les objets réalisés par les artisans d'antan, mais aussi leurs techniques.

Source : Laurence Bonnet, "La nacre, la tabletterie, le bouton, l'éventail". Éditeur : District des Sablons.